Entre 2011 et 2013, l’efficacité de l’arrêt, à six semaines de suivi, d’une prise en charge du sevrage tabagique qui s’appuie sur un soutien social intensif hebdomadaire en groupe, a été comparée à un suivi individuel standard dans le service de tabacologie (1). Tous les fumeurs recevaient des patchs gratuitement. 33 personnes ont été suivies en groupe et 67 en entretien individuel. Les fumeurs étaient majoritairement des hommes, avec des caractéristiques similaires dans les deux groupes. L’arrêt du tabac était validé par la mesure du CO dans l’air expiré.
Participation, échange et émulation
« Six sessions de groupe étaient proposées, explique la Dr Anne-Laurence le Faou (HEGP). Elles permettaient aux fumeurs d’envisager la réduction puis l’arrêt du tabac en échangeant avec d’autres fumeurs précaires sur des thèmes bien définis dans des réunions structurées ». Les différentes séances traitaient de la dépendance, des composants du tabac et de ses conséquences sur la santé, des effets de l’arrêt de la consommation de tabac, des rechutes, des attitudes alternatives au tabac, des économies réalisées par l’arrêt du tabac et des équivalents en coût par rapport à certains loisirs. « L’émulation était nette, indique la Dr le Faou. Chacun apportait son expérience ».
Un contact social
Six semaines après la première réunion, 24,2 % des patients suivis en groupe avaient arrêté de fumer, contre 11,9 % en suivi individuel. Parmi les fumeurs qui n’avaient jamais tenté d’arrêter auparavant, 47,6 % avaient réduit leur consommation de tabac de plus de moitié chez les fumeurs suivis en groupe, versus 15,4 % chez les patients suivis en individuel. Après les six premières semaines de session en groupe, les fumeurs poursuivaient leur suivi individuellement à l’hôpital européen Georges Pompidou s’ils le souhaitaient (comme le groupe contrôle). Pour ceux qui ont participé assidûment aux séances, il a été difficile de rompre une fois les six séances terminées. En effet, pour ces personnes isolées en situation difficile, ces séances représentaient aussi un contact social et un soutien moral très apprécié.
Les taux de sevrage obtenus en consultation de tabacologie en France sont identiques à ceux du système britannique, quelles que soient les caractéristiques des fumeurs accueillis, et malgré les moyens très importants développés outre-manche depuis 15 ans, tant en financement des traitements qu’en personnel. « Nos moyens sont comparativement très faibles, insiste la Dr le Faou. Cette étude pilote a pris fin en décembre 2012, par manque de moyens humains. Nous pensons qu’une expérimentation à plus grande échelle pourrait permettre d’explorer son caractère généralisable. Nous savons qu’il ne s’agit pas seulement de distribuer gratuitement des patchs et autres traitements pharmacologiques aux fumeurs précaires mais de leur apporter un soutien actif psychosocial au travers duquel ils puissent échanger et interagir ».
Entretien avec la Dr Anne-Laurence le Faou médecin, responsable du centre de tabacologie de l’hôpital européen Georges Pompidou
(1) Étude de A-L le Faou et de Monique Baha, docteur en santé publique, université Paris-Descartes
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