La notion du tabagisme chez les jeunes est de plus en plus prise en compte par les professionnels. « Il faut écarter le risque de banalisation, déclare Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, président de la Fédération Addiction. Devant une polyconsommation de substances addictives, il faut éviter de minimiser le tabagisme sous prétexte que les autres addictions sont plus nocives, d’autant que les jeunes sont généralement sensibles à l’intérêt de l’arrêt du tabac, même s’ils continuent de fumer ».
Mises en place depuis 2005 mais peu connues et peu promues, les Consultations jeunes consommateurs (CJC) ont suscité un regain d’intérêt et d’activité en 2011-2012 quand il s’est avéré que l’usage du cannabis restait à un haut niveau en France comparativement aux autres pays européens et que le tabagisme des jeunes amorçait une réelle progression. Prioritairement consacrées au cannabis, elles prennent aujourd’hui réellement en charge toutes les addictions. La mission est assurée par les CSAPA (Consultations de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie) dans 80 % des cas et dans le cadre de consultations hospitalières dans 20 % des cas.
Gratuites et anonymes
Le jeune consommateur ne se considère pas comme malade. Il faut donc que les consultations jeunes ne renvoient pas l’image d’établissements spécialisés dans la prise en charge de la toxicomanie, qui peut se révéler anxiogène pour eux, voire pour leur famille. « L’accueil doit être adapté à cette population, insiste J-P Couteron, et faciliter la prise en charge de rendez-vous ultérieurs ». Le public concerné, ce sont les adolescents et les jeunes adultes qui viennent d’eux-mêmes (rarement) ou sous la pression de leur entourage ou encore adressés par la justice (dans le cas de la consommation de cannabis). Les familles sont également accueillies sans leur enfant, afin de les conseiller et de les aider à trouver une démarche pouvant l’inciter à dialoguer ou à consulter. La liste des CJC par région est consultable sur le site www.drogues.gouv.fr.
« Mais tout un travail doit être fait en amont, souligne J-P Couteron, et pour toutes les addictions. Il concerne les acteurs de premiers recours : infirmiers, médecins scolaires, médecins généralistes, pédiatres, personnel au contact des enfants. Tous ces intervenants peuvent questionner les jeunes sur l’usage des substances addictives et susciter leurs réactions. La Fédération addiction commence à mettre en place différents outils pour sensibiliser tous ces intervenants ».
Entretien avec Jean-Pierre Couteron, psychologue clinicien, président de la Fédération Addiction
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