La différence de prévalence du tabagisme entre les populations les moins aisées et les plus aisées s’est fortement accrue au cours des dernières décennies. La norme du tabagisme étant forte dans certaines populations, les enfants vivent dans un environnement social dans lequel fumer est la norme. Des travaux britanniques ont montré que, comparativement aux cadres, les ouvriers et les chômeurs étaient plus dépendants à la nicotine et, malgré l’accès identique aux centres de sevrage et aux substituts nicotinique, rechutaient deux fois plus souvent. En France, près de la moitié des chômeurs fument. Chez les cadres, ce n’est plus la norme et cela depuis longtemps.
Au niveau des politiques de prévention, il ne semble pas qu’en France l’augmentation des prix appliquée en 2003-2004 ait eu un impact sur le tabagisme des classes les moins favorisées (1). Et comme l’a analysé Sarah Durkin, la majorité des campagnes de prévention dans le domaine du tabagisme, n’a pas d’effet différentiel selon les catégories sociales (2).
« Le schéma britannique de lutte contre le tabagisme dans les classes les moins favorisées est un bon exemple », souligne le Dr Pierre Arwidson, directeur à la direction des Affaires scientifiques de l’Inpes. La première étape consiste en un repérage, qui pourrait se faire dans le cadre de tout dispositif en contact avec les populations et notamment chez les jeunes. Une fois repérés, les fumeurs doivent bénéficier d’une aide optimale, c’est-à-dire spécifique, qui prenne en compte leurs difficultés. « C’est dans cet esprit que la Dr Anne-Laurence le Faou a mis en place à l’HEGP un accompagnement à l’aide au sevrage intégrant une solide dimension psychosociale (lire page 9) », précise-t-il.
Il faut enfin faire émerger et subventionner de nouveaux projets locaux innovants. Deux programmes d’intervention spécifique sont en cours, l’un dans la région de Montpellier chez les élèves préparant un bac professionnel et l’autre en Lorraine chez les apprentis. « Il faut, conclut-il, adopter l’approche dite de l’universalisme proportionné proposée par Michaël Marmot (2), qui consiste à offrir une aide préventive à tous, en adaptant l’intensité et la qualité des interventions à l’ampleur et à la nature des difficultés rencontrées par les différentes populations ».
Entretien avec le Dr Pierre Arwidson, directeur, direction des Affaires scientifiques de l’Inpes.
(1)Kotz D et al. Tobacco Control. 2009;18(1):43-46
(2)Durkin SJ et al. Am J Public Health 2009;99:2217-22
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